► Contrebandiers ! ou l’incroyable histoire de la fraude sur la Manche
C’est l’histoire d’un commerce interlope, très développé entre la France et l’Angleterre au 18ème siècle, à une époque où l’illicite l'emportait largement sur les activités légales. L’épicentre était la baie de Morlaix. On les appelait les smogleurs de la Manche.
La contrebande n’est pas légale, on le sait bien. Il n’en demeure pas moins que cette activité a eu des effets très positifs sur le développement de l’architecture navale notamment. Il fallait bien que les bandits puissent aller vite, et soient en mesure de décharger facilement leurs cargaisons secrètes…
Ce qui donne lieu à des anecdotes nombreuses et souvent épiques, que nous raconte Jacques Blanken(*), l’ancien directeur de l’entreprise Petit Navire, et reconverti depuis sa retraite dans des recherches approfondies autour des histoires de patrimoine maritime.
Partout, sur les côtes françaises et anglaises, on déniche des grottes et des auberges qui, en leur temps, ont servi de caches. Roscoff était un haut lieu du trafic. On y chargeait des barils d’eau de vie de vin ou de genièvre. Les droits exorbitants prélevés sur certains produits – la grande époque de Colbert - encourageaient naturellement le développement d’une contrebande de plus en plus active. L’apogée de ces activités eut lieu au XVIIIème siècle, époque où le trafic illicite de la France vers la Grande-Bretagne dépassait même les importations légales !
Le métier de contrebandier était dangereux et difficile : il fallait faire preuve de ruse, d’anticipation et d'un grand sens de la navigation. La menace du cachot était toujours présente. Mais en compensation, la profession était naturellement très rentable. Tant sur l’eau que sur terre où de nombreuses familles d’armateurs se sont considérablement enrichies.
Tout l’ouvrage est illustré par des sanguines de Fanch Moal, bien connu notamment pour les affiches qu’il réalise pour les fêtes de Douarnenez ou celles de la SNSM.
(*) Figure incontournable de Douarnenez (Finistère), Jacques Blanken, ancien directeur général de Petit Navire et auteur d’ouvrages sur le patrimoine maritime, est décédé le 14 novembre 2020 à l’âge de 81 ans.